La Loi Rifman : Intégrer la société bédouine et transformer le Néguev
Depuis des siècles, les Bédouins habitent le Néguev, une vaste région désertique du sud d'Israël, qui représente les deux tiers de la masse terrestre du pays. L'un des faits notables concernant le Néguev est son vaste patrimoine archéologique et historique qui, selon les scientifiques, aide à comprendre l'humanité. Les routes commerciales historiques, telles que la route de l'encens qui reliait autrefois la péninsule arabique à la mer Méditerranée, font partie des découvertes notables datant de plusieurs milliers d'années, de même que les vestiges d'anciennes villes telles qu'Avdat et Shivta et des tombes vieilles de 2 500 ans, situées au carrefour des premières routes commerciales.
Plus de 300 000 Bédouins vivent actuellement dans le Néguev. Malgré sa longue histoire, la communauté bédouine, un groupe semi-nomade, a été confrontée à de nombreux défis et luttes. Plus précisément, à l'époque moderne, elle a été confrontée à des problèmes liés à la propriété foncière, à la gouvernance, à l'éducation, au développement économique et à la sécurité. Bien que la communauté bédouine ait joué un rôle important dans l'histoire du Néguev, elle est souvent tenue à l'écart des discussions sur les politiques actuelles.
À la lumière des défis et des luttes auxquels sont confrontées les communautés bédouines résidant dans le Néguev, l'Institut Rifman, nommé d'après le visionnaire Shmulik Rifman, est à l'initiative d'un cadre législatif révolutionnaire connu sous le nom de "loi Rifman", afin de répondre aux obstacles constants auxquels la communauté bédouine doit faire face dans le Néguev.
Feu Shmulik Rifman, dirigeant respecté et ancien chef du conseil régional de Ramat Negev, a consacré sa vie au développement du Néguev. En tant que président de l'Autorité régionale de développement du Néguev et du Centre des conseils régionaux d'Israël, il a franchi des étapes importantes. La principale vision de M. Rifman était de créer un Néguev harmonieux et prospère, où les communautés juive et bédouine travailleraient ensemble à la réalisation d'objectifs communs.
La loi Rifman est une proposition législative complète élaborée par des experts juridiques et des chercheurs de l'Institut Rifman pendant trois ans. Elle vise à apporter des réponses aux nombreux défis auxquels la communauté bédouine est confrontée et à l'aider à s'intégrer dans le tissu socio-économique du Néguev. Les principaux éléments de la proposition sont la réglementation foncière, les réformes de la gouvernance locale, les initiatives éducatives, le développement économique et le renforcement des mesures de sécurité.
L'une des questions les plus sensibles et les plus critiques reste celle de la réglementation et de la propriété foncières. La communauté bédouine est confrontée à des défis permanents concernant ses droits fonciers. Nombre d'entre eux vivent dans des villages non reconnus, sans droits fonciers légaux, ce qui donne lieu à de fréquents litiges et démolitions.
La proposition de l'Institut Rifman prévoit d'accorder aux autorités locales le pouvoir de réglementer les terres. Dans le cadre de leurs compétences, en collaboration avec un comité de planification indépendant, des permis temporaires et permanents seront accordés et un effort sera fait en faveur du développement durable. L'un des éléments clés de la proposition consiste à convertir les revendications de propriété foncière contestées en droits de développement, permettant ainsi aux Bédouins d'utiliser les terres sans en être pleinement propriétaires. Cette solution permettrait de résoudre des conflits de longue date avec les institutions de l'État.
L'Autorité de colonisation bédouine est chargée depuis de nombreuses années de traiter les questions de colonisation et de propriété des terres, mais les rapports du Centre de recherche et d'information de la Knesset font état de résultats nettement insuffisants.
Au-delà des questions foncières se pose la question de la gouvernance. La proposition de l'Institut Rifman introduit la création d'un nouveau poste : un directeur adjoint ayant l'autorité de mettre en œuvre les objectifs de l'agence et d'établir des politiques conformes aux exigences légales. En outre, la proposition préconise que la société régionale Eshkol Negev supervise les services financés par une partie du produit des ventes de terres de l'État, dans le but de financer les services municipaux pour les résidents vivant dans des zones non réglementées.
L'éducation est un autre défi pour la communauté bédouine. La législation proposée vise à créer un réseau d'éducation spécialisé et dédié. Cette initiative ouvre la voie à des services éducatifs pour les zones non réglementées. Les experts de l'Institut Rifman conseillent d'accorder une attention particulière à la sélection des enseignants, en recommandant des mesures visant à empêcher le recours à des enseignants de l'Autorité palestinienne afin de garantir l'intégration des Bédouins dans la société israélienne.
Les auteurs du programme encouragent la législation à être le pilier de tout projet économique. Comme le souligne la proposition, des incitations aux investissements, à la formation professionnelle et à l'éducation, ainsi qu'à l'utilisation efficace des ressources foncières seront mises en œuvre par le biais de la loi, dans le but d'accroître la richesse municipale et personnelle de la communauté bédouine.
La sécurité est une question significative d'une importance cruciale. La stratégie proposée par l'Institut Rifman est la création d'un modèle de police fonctionnant comme une zone dans le district sud. Ce cadre inclurait l'ensemble de la communauté bédouine du Néguev, quelle que soit la colonie dans laquelle elle réside. Grâce à ce modèle de police, il est fortement suggéré d'augmenter la police urbaine et les arrestations pour des délits liés aux armes, même si cela doit nécessiter l'implication du Shin Bet.
Pour que la loi Rifman ait un impact et soit durable, la collaboration entre les entités gouvernementales, les autorités locales, les entreprises et les organisations non gouvernementales est une obligation.
Malgré les critiques dont il fait l'objet, l'Institut Rifman souligne la nécessité d'un retour d'information et d'une participation de la communauté, tout en rejetant l'allégation selon laquelle les Bédouins n'auraient pas été impliqués dans son élaboration. Il est essentiel d'impliquer les dirigeants et les résidents bédouins dans le processus de mise en œuvre pour parvenir à un changement durable.
Si elle est appliquée, la loi Rifman pourrait transformer le Néguev en une région prospère. Néanmoins, de nombreux défis subsistent, notamment l'opposition politique, l'allocation des ressources et l'obtention du soutien de la communauté dans la société israélienne et bédouine. Le respect des libertés civiles, tout en conciliant développement et sécurité, sera essentiel au succès de la loi.
La vision et les aspirations de l'Institut Rifman mettent l'accent sur la nécessité du développement tout en préservant la culture et les traditions bédouines et en assurant la sauvegarde de leur patrimoine unique. Le désir le plus profond de l'Institut est la création d'un Néguev harmonieux pour tous ses habitants. Face à la nécessité d'une réforme aussi cruciale, Hagai Raznik, directeur de l'Institut Rifman, a affirmé que "nous sommes obligés d'insister et de nous battre pour produire des solutions législatives. Nous ne pouvons plus continuer à négliger la société bédouine".
Le Staff de All Israel News est une équipe de journalistes en Israël.