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Qui est Joseph Aoun, le nouveau président élu du Liban ?

Le président libanais nouvellement élu, Joseph Aoun, pose pour une photo au palais présidentiel de Baabda, au Liban, le 9 janvier 2025. Dalati Nohra/Handout via REUTERS

Le Liban a mis fin à une période de deux ans sans président en élisant jeudi dernier le général Joseph Aoun, commandant de l'armée libanaise, à ce poste.

Ce militaire de carrière, âgé de 61 ans, est réputé pour ses qualités de chef et son dédain de la politique. Il s'est fait un nom en dirigeant l'armée libanaise pendant une période de crise économique grave et de défis.

Après avoir grandi dans la ville d'Aaichiye, dans le sud du Liban, M. Aoun est né à Sin al-Fil, près de Beyrouth, en 1964.

Il a rejoint l'armée libanaise en 1983 et a gravi les échelons, devenant commandant en chef de l'armée en 2017.

Peu après cette nomination, Aoun s'est vu confier la mission d'expulser les combattants de l'État islamique et du Front al-Nusra (plus tard HTS) de l'est du Liban. Cette mission lui a donné une visibilité internationale et lui a valu les éloges de l'Occident.

Aoun a également la réputation de travailler avec différents groupes au Liban. Pendant son mandat de commandant de l'armée, il a collaboré avec le Hezbollah pour chasser les groupes rebelles syriens, y compris les éléments de l'ISIS et les membres de Hayat Tahrir al-Sham (HTS), les dirigeants actuels de la Syrie, qui avaient commencé à opérer dans l'est du Liban, le long de la frontière syrienne.

M. Aoun a supervisé la participation de l'armée à la prévention des manifestations antigouvernementales en 2019, et plus récemment, il a supervisé l'armée pendant les 14 mois de conflit entre Israël et le Hezbollah, où il a gardé la tête froide, aurait ordonné aux commandants de rester en dehors du combat, et n'a répondu qu'à un certain nombre d'incidents dans lesquels les frappes des FDI ont blessé ou tué des soldats de l'armée libanaise.

M. Aoun a également supervisé le déploiement de l'armée dans le sud du Liban dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu avec Israël, où l'armée devrait occuper les territoires récemment libérés par les FDI.

Comme l'exige la constitution du pays, M. Aoun est un chrétien maronite. Toutefois, la candidature de M. Aoun a été contestée par l'un des partis chrétiens les plus influents du Liban, le Mouvement patriotique libre de l'ancien président Michel Aoun - qui n'a aucun lien de parenté avec Joseph Aoun.

L'autre grand parti chrétien, le parti des Forces libanaises, ne l'a soutenu que la veille de l'élection.

L'élection de M. Aoun est inhabituelle car la constitution interdit à un commandant de l'armée en exercice d'occuper la présidence, bien que cette règle ait été ignorée par le passé.

Cependant, M. Aoun était le candidat favori des éléments internationaux, en particulier des États-Unis et de l'Arabie saoudite. La relative indépendance politique d'Aoun, en particulier son absence de lien direct avec le Hezbollah, et son dédain pour la corruption qui gangrène la politique libanaise ont été considérés comme des attributs clés par ses soutiens internationaux.

Imad Salamey, expert en politique du Moyen-Orient à la Lebanese American University, a fait l'éloge de l'absence d'esprit partisan de M. Aoun durant son mandat de commandant de l'armée : "Sous sa direction, l'armée a maintenu l'inclusivité et la neutralité, protégeant ainsi la stabilité du Liban en période de crise. M. Aoun a fait preuve d'indépendance et de responsabilité, refusant d'aligner l'armée sur les factions politiques. Cette position, en particulier en période de turbulences, l'a distingué en tant que leader compétent et respectueux des principes.

Le fait que M. Aoun bénéficie du soutien des États-Unis et de l'Arabie saoudite, qui ont tous deux exprimé le souhait d'aider le Liban à se reconstruire après la guerre, pourrait contribuer à apporter une certaine stabilité au pays après des années de scandale et d'indignation.

Le groupe terroriste Hezbollah, qui participe activement au parlement libanais en tant qu'entité politique, s'était initialement opposé à la nomination de M. Aoun, mais il a voté pour lui à contrecœur au second tour, après le retrait de son candidat préféré.

Dans son discours d'acceptation jeudi, M. Aoun s'est engagé à affirmer le droit de l'État à maintenir un "monopole sur le port d'armes". Cette déclaration a été interprétée par de nombreux Libanais comme un défi lancé à l'arsenal du Hezbollah, dont une grande partie se trouve toujours au sud du fleuve Litani et que l'armée libanaise, sous la direction de M. Aoun, est censée confisquer.

S'il est peu probable que M. Aoun s'attaque directement au Hezbollah dans un premier temps, ses déclarations audacieuses concernant la responsabilité exclusive du gouvernement de protéger la nation et son alignement sur les intérêts américains et saoudiens, qui vont à l'encontre de ceux du Hezbollah, pourraient lui permettre d'adopter une position plus ferme à l'égard de ce groupe.

En Israël, l'élection de M. Aoun a été accueillie avec une certaine satisfaction et des éloges. Bien que le pays soit techniquement toujours en état de cessez-le-feu, nombreux sont ceux qui espèrent que M. Aoun prendra des mesures en vue d'une normalisation avec l'État hébreu. Le ministre israélien des affaires étrangères, Gideon Sa'ar, a fait partie des centaines de dignitaires qui ont félicité M. Aoun pour son élection.

J. Micah Hancock est actuellement étudiant en master à l'Université hébraïque, où il prépare un diplôme en histoire juive. Auparavant, il a étudié les études bibliques et le journalisme dans le cadre de sa licence aux États-Unis. Il a rejoint All Israel News en tant que reporter en 2022 et vit actuellement près de Jérusalem avec sa femme et ses enfants.

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